mardi 4 septembre 2012

RAPPORT DE STAGE D’OBSERVATION A LA MEDIATHEQUE DU CAFRAD

Le 8 juin 2012, j’ai effectué un stage d’observation à la médiathèque du Centre d’animation, de formation et de recherche et d’appui au développement (Cafrad) à Douala  au Cameroun  dans le cadre du Programme d’appui aux échanges professionnels des bibliothécaires mis sur pied par le Goethe Institut du Cameroun. Bibliothécaire bénévole au Centre culturel Francis Bebey (Ccfb) à Yaoundé, le choix du déplacement à la rencontre du confrère de Douala, Mbitkui Patrice,  a été guidé par la curiosité de découvrir  et de comprendre comment un centre d’information documentaire s’active dans un quartier dont la  grande majorité des habitants est confrontée aux problèmes de survie. Mes  préoccupations ont durant mon séjour porté sur l’importance et l’impact de la médiathèque du Cafrad, les stratégies de gestion et les services offerts, ses activités d’animation ainsi que les possibilités de coopération entre les deux structures.

L’environnement socio-urbain de la médiathèque.

Douala, quartier Bépenda, lieu dit Bépenda Casmando. C’est cette zone urbaine qui abrite l’immeuble siège du Cafrad et sa médiathèque. Bépenda Casmando tout comme son voisin de rue  Bépenda Yong-Yong, est un quartier  fortement dominé par une population ayant un niveau de vie précaire, dont l’essentielle des activés ressort de l’informelle, de petits métiers de la débrouillardise, avec une croissance exponentielle des lieux de débauche. Ces quelques  traits caractéristiques de l’environnement urbain de la médiathèque du Cafrad sont similaires de celui de la bibliothèque du Ccfb, phagocytée par un dépôt de bois,  au quartier Nkolbikok II, lieu dit  Melen -montée parc national. La médiathèque est le seul service d’accès à l’information documentaire disponible ouvert au public dans un rayon de 10 kilomètres.

La mission de la médiathèque  au sein de la Cafrad

Le Cafrad est une ONG, œuvre de l’Eglise évangélique du Cameroun (Eec). En 2009 naît le Projet d’orientation, de formation et d’accompagnement à l’insertion socio professionnelle des jeunes (Profaije) qui a pour cible la jeunesse défavorisée. C’est donc dans le cadre dudit projet que la médiathèque  a été créée en même temps que d’autres postes de responsabilité tels que le chef des projets, le conseiller d’orientation, l’homme des métiers, la répéreuse de nouvelles opportunités, le bureau d’animation et récemment Radio Casmando. Dans le système Cafrad, la médiathèque a pour mission de collecter, de traiter  et de fournir des informations sur les métiers, la formation professionnelle  et la recherche d’emploi ; en droite ligne avec la mission globale du Profaije. Il apparaît donc qu’à l’origine la médiathèque est une structure spécialisée dans l’information documentaire des métiers en direction des jeunes en quête d’emploi ou de qualification. A défaut d’assumer pleinement cette mission, elle est un espace de lecture et de recherche ouvert au grand public  dont les élèves et étudiants en majorité venant parfois des quartiers environnants.
Les activités de la médiathèque
Les acquisitions pour alimenter le fonds documentaire proviennent essentiellement de dons (centre culturel français de Douala), des particuliers et de quelques achats sur fonds propres de la médiathèque. La carte d’abonnement annuel coûte 1000 FCFA. La médiathèque compte 163 abonnés cumulés et de milliers usagers occasionnels.
La médiathèque du Cafrad offre des services courants d’abonnement et de prêt, d’accès à Internet, de lecture des périodiques d’informations générales et spécialisée dont Le  Management, La Voix du paysans, Cipcre, 100% Jeunes, Planète Jeunes, Contact Magazine, etc.,  de reprographie, et d’accompagnement des jeunes sur la recherche d’informations sur les opportunités d’emplois et de formations et sur d’autres problématiques propres à la jeunesse.
Au début de son fonctionnement, elle établissait un programme trimestriel d’animation portant sur les projections cinématographiques en partenariat avec le bureau animation de Camnafaw et le centre culturel français de Douala devenu l’institut français du cameroun. La mise en place de « Réussir ensemble », une banque d’épreuves d’examens officiels de l’enseignement secondaire, un club des abonnés de la médiathèque en partenariat avec le Club danse du Cafrad  pour leur formation aux danses de salon et les débats radiophoniques complétaient la programmation trimestrielle d’animation de la bibliothèque. Seulement, ces différentes activités ont pris fin en avril 2012 pour des raisons carence financière. En 2011, le concours de poésie « les maux qui minent mon quartier » a  enregistré un seul participant, et cette expérience a finalement avorté et n’a pas été  renouvelée. Le médiathécaire explique cet échec par l’absence de publicité autour du  concours vers les cibles potentielles. La seule activité spécifique en direction des jeunes jusqu’alors est la production et la diffusion des fiches et dossiers sur les questions d’emploi, de développement personnel et d’économie.  

Les difficultés de la médiathèque

Si l’on peut se réjouir de  son espace agréable bien que modeste, des commodités de travail pour la lecture et le rangement des livres sous la classification de Dewey ; que la médiathèque ait à sa tête un professionnel issu de la filière documentation de l’ESSTIC (Ecole des sciences et techniques de l’information et de la communication), il n’en demeure pas moins que ce centre ploie sous de nombreux problèmes.
Depuis sa mise en place, la médiathèque n’a pu assumer sa vocation de centre d’information spécialisée dans l’accompagnement des jeunes en quête d’emploi et de formation, par manque d’ouvrages et autres documents spécialisés dans les métiers et l’information du monde professionnel de manière générale.
A ce problème d’un fonds documentaire insuffisant et en marge  des métiers et des formations, la médiathèque souffre de la vétusté de son parc informatique, qui est d’ailleurs passé de 6 postes ordinateurs à deux utilisables aujourd’hui par le public.
Toujours au chapitre des difficultés, le personnel est réduit à la seule personne du médiathécaire, monsieur Mbitkui Patrice. Ce qui limite son déploiement sur le terrain donc les possibilités de  mobiliser les ressources dont la médiathèque a besoin et assurer sa visibilité. Depuis un certain nombre de mois,  la médiathèque fait face une forte rareté de financement qui touche au payement de salaire.

Vers un partenariat médiathèque du Cafrad et bibliothèque du Ccfb

Après la discussion avec monsieur Mbitkui, il s’est agit pour moi, de lui apporter quelques idées sur la marche de sa structure. Aussi j’ai suggéré à mon hôte, en ce qui concerne l’animation d’initier des activités fonctionnellement légères, à très faible coût et mobilisateur. A cet effet je lui ai fait la proposition un concours de la chanson et un autre de danse basés sur les auteurs de son fonds documentaire dont le premier public cible sera les clubs musique et danse du Cafrad. Cette activité aura comme  avantage  à son service, de ramener les potentiels candidats dans les rayons, et de le promouvoir un peu plus lors d’une cérémonie de  compétition. Je l’ai fortement encouragé à relancer le concours de poésie cette fois-ci en touchant un ou deux établissements secondaires pilotes. Une dizaine de  candidatures serait une quantité appréciable. Les récompenses pourraient être des dotations en ouvrages. La remise des lots en l’absence des moyens pour organiser une telle manifestation, chaque lauréat et participant recevra son lot en salle de classe parmi ses camarades, avec lecture de son poème.
Dans le cadre des réseaux de bibliothèques, j’ai encouragé mon confrère à adhérer aux différents regroupements des bibliothécaires aux plans national et international, et à créer même localement un réseau de bibliothèques de quartiers. Dans la même optique, je n’ai relevé le bénéfice  pour Mbitkui de candidater au programme d’échanges professionnels qui m’a permis de venir à sa rencontre.
Dans le cadre des éditions Ifrikiya dont le directeur du CCFB  assume également la direction, je me suis engagé à faciliter, la remise d’un don d’ouvrages par la maison d’édition à la médiathèque du Cafrad, tandis qu’elle accueillera en conférence, en dédicace les auteurs d’Ifrikiya résidant ou de passage à Douala. De même ces derniers pourraient  accorder des interviews  ou être invités à Radio Casmando pour parler de leurs œuvres.

SOS  en guise de conclusion

        Il faut sauver la médiathèque du Cafrad. Ce cri est d’abord lancé en direction des décideurs du Cafrad et de ses partenaires qui,  il faut le dire,  ont eu une bonne pensée, la volonté et le courage de créer et de donner vie à cet outil de développement communautaire. Au regards des signes d’essoufflement de la structure,  pour l’intérêt des jeunes dont l'enthousiasme derrière les rayons de livres et les deux postes ordinateurs, nous a fortement ému, il ne nous reste que notre pouvoir d'émettre un SOS pour que la médiathèque ne disparaissent pas du paysage de Douala. Ville de près de 3 millions d'habitants qui  compte moins de 10 bibliothèques de lecture  publique.

                            Martin ANGUISSA
Responsable de la Bibliothèque du Centre culturel Francis bebey
                                Yaoundé, Melen , montée du parc national, dépôt de bois
                                              Tel 96 39 28 08
                                              Mail : anguissamart@yahoo.fr

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