Introduction
La thématique de la rencontre
OPLM contenue
dans l’appel à candidature a été la principale motivation à pouvoir apporter ma modeste contribution à la
gestion des bibliothèques et singulièrement les bibliothèques
scolaires. En tant que chef d’établissement et par ailleurs
premier responsable pédagogique j’ai trouvé ici l’occasion de relever quelques dysfonctionnements qui ne donne pas à la lecture je dirais au livre ses
lettres de noblesse, tout en faisant des propositions concrètes pour
une gestion efficiente et efficace de ceux-ci.
1. Définitions et enjeux éducatifs de la bibliothèque
Dans la circulaire N°30/D/40/MINEDUC/IGP/ESG du
20.06.1990 portant sur la gestion des documents
pédagogiques, le Professeur Joseph MBOUI revenait sur la définition du rôle du livre en cers termes : « Le livre est un élément
fondamental de notre politique éducative ; il complète nos actions de formation, tant auprès des élèves qu’auprès des enseignants ».
Nous comprenons aisément la place incontournable
du livre tout au plus de « la maison du livre
» dans l’action de formation des élèves dont nous
les responsables éducatifs à divers niveaux sommes
garants.
Trois enjeux éducatifs majeurs confirment
l’importance de la bibliothèque en milieu scolaire :
§ La création de l’identité nationale, car elle permet à tous les élèves
d’accéder aux ressources qui constituent l’héritage national commun.
§ Le développement d’une société d’apprenants en ce sens que les programmes
de la bibliothèque doivent permettre l’exercice d’une réflexion flexible, le
développement de l’esprit critique.
§ Le développement d’une société alphabétisée en matière d’information. Ici
l’élève acquiert la capacité à accéder et à utiliser de multiples
types d’information.
2. Etat des lieux
Les expériences accumulées en matière de gestion
des établissements scolaires dans la région de
l’Adamaoua nous amènent à faire les constats ci-après :
§ Les livres sont presque absents dans les établissements scolaires, quand
bien même une bibliothèque existe, elle est de moins en moins fréquentée. Dans
la région le taux de fréquentation est très bas : environ 20% dans les villes
et 10% dans les établissements ruraux.
§ Le manque de local approprié pour les livres, pour la lecture, ce qui
rend la fréquentation impossible, et les ouvrages sont soit dans les cartons ou
les placards et plus grave dans les domiciles des responsables, des
enseignants, contrairement aux instructions ministérielles. -La gestion opaque
des fonds alloués à l’équipement des bibliothèques et à la promotion de la
lecture.
§ L’indifférence affichée par certains responsables éducatifs par rapport à
l’activité de la lecture.
§ Le manque de profil de personnel en charge de la bibliothèque,
généralement un personnel bénévole ou un enseignant retraité converti ou simple
agent.
Le Lycée de Bérem, situé dans la région de l’Adamaoua, département de la Vina, arrondissement de Nganha, a été crée en 2007 et
transformé en 2011. Les dysfonctionnements et difficultés ci-dessous
énumérés sont le lot quotidien des établissements scolaires de la région, tant dans
les villes que dans les campagnes. Par contre l’administration de cet établissement même
sans infrastructures adéquates et à travers le conseil de bibliothèque a mis sur pied
des stratégies locales consistant à rendre le livre disponible et surtout à faire qu’il soit
utile et utilisé par les élèves.
3. Les activités de la bibliothèque du Lycée de Bérem
Les activités les plus couramment pratiquées dans
cette institution scolaire sont les suivantes:
§ Les jeux questionnaires pour promouvoir la lecture,
§ L’exposition des travaux des élèves,
§ La publication des articles des
élèves dans le journal de l’établissement,
§ La lecture dirigée par certains enseignants,
§ Le fonctionnement des prêts et la consultation sur place des livres et
journaux,
§ La manipulation des livres,
§ La présentation des nouveaux livres,
§ L’initiation à la recherche pour les élèves du 2nd cycle.
Procédant de cette manière la
bibliothèque:
§ Développe l’imagination et la créativité,
§ Incite à la lecture,
§ Est une source de motivation, car la lecture est la base de tout. Grâce à
elle nos élèves ont pu améliorer leurs compétences en vocabulaire, en
production écrite et en compréhension des autres matières,
§ incite à la recherche, apport considérable pour compléter certains cours.
4. Cas pratiques de la gestion courante
Pour une gestion efficiente et harmonieuse des
bibliothèques scolaires nous proposons aux responsables
des structures et enseignants de :
·
S’approprier à tout prix la circulaire N°35/B1/
162 afin de s’informer des types d’ouvrages recommandés par les autorités
ministérielles dans les bibliothèques scolaires. Au Lycée de
Bérem les l’acquisition des ouvrages est progressive et proportionnelle
aux fonds alloués à cette rubrique. - Dans le cas où il n’y a pas de
bibliothèque scolaire, on peut utiliser des tables ou des étagères pour exposer
les livres pendant la grande pause, et permettre ainsi aux élèves de les
emprunter sous la supervision
d’un responsable et les ranger après,
chaque jour. Cette disposition est une pratique quotidienne au Lycée de Bérem.
·
On peut aussi par défaut aménager une salle, y
mettre des bancs ou des banquettes et y exposer les livres et les journaux pour
la lecture sur place et ou les emprunts. Bon à savoir, une page lue/jour même
en 10 mn chaque jour, apporte toujours un certain volume de nouveau
vocabulaire.
·
Si une salle est déjà aménagée, on peut prévoir
une heure de bibliothèque en lieu et place de la pause souvent observée dans
les emplois de temps des classes de 6e et 5e pour leur donner
le goût de la lecture.
·
Mettre sur pied, cela par le conseil de
bibliothèque présidé par le chef d’établissement, un système de « bonus de
lecture » qui consistera en un supplément de points accordés aux élèves en
fonction du volume de lecture et surtout du compte rendu écrit de lecture.
Conclusion
Nous pouvons dire que dans la région de
l’Adamaoua où le livre, et surtout les habitudes de lecture par les élèves en particulier, sont encore loin d’être compris
comme outils formidable d’ouverture d’esprit, lequel esprit a
été fortement conditionné par les traditions orales, et
aujourd’hui prisonnier des difficultés de la vie quotidienne. Il serait
judicieux et urgent de promouvoir des actions en faveur des
bibliothèques en milieu scolaire par une redéfinition du
profil, des compétences et des missions du bibliothécaire scolaire, ce dernier devant être présenté comme un enseignant en activité,
un spécialiste de l’information, un partenaire pédagogique, un décideur en matière de programmes et non comme
un simple agent « fatigué », employé juste pour combler un
vide.
Par NCHARE Placide, Proviseur du Lycée de
Bérem (Ngaoundéré)
SOURCES :
1. Le Guide du Chef d’établissement de l’enseignement secondaire Edition
1995/1996
2. Les Outils du Manager, ISMP, Edition 2006
3. Actes du Séminaire de renforcement des capacités des Chefs
d’établissements en
gestion pédagogique, Palais des Congrès, 17 et 18 octobre 2007
4. Rapport de la réunion sectorielle de rentrée dans la Région de
l’Adamaoua, septembre
2010
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