dimanche 27 janvier 2013

GESTION DES BIBLIOTHEQUES SCOLAIRES : CAS DU LYCEE DE BEREM

Introduction

La thématique de la rencontre OPLM  contenue dans  l’appel  à  candidature  a  été  la principale motivation à pouvoir apporter ma modeste contribution à la gestion des bibliothèques et singulièrement les bibliothèques scolaires. En tant que chef d’établissement et par ailleurs premier responsable pédagogique j’ai trouvé ici l’occasion de relever quelques dysfonctionnements qui ne donne pas à la lecture je dirais au livre ses lettres de noblesse, tout en faisant des propositions concrètes pour une gestion efficiente et efficace de ceux-ci. 

1. Définitions et enjeux éducatifs de la bibliothèque

Dans la circulaire N°30/D/40/MINEDUC/IGP/ESG du 20.06.1990 portant sur la gestion des documents pédagogiques, le Professeur Joseph MBOUI revenait sur la définition du rôle du livre en cers termes : « Le livre est un élément fondamental de notre politique éducative ; il complète nos actions de formation, tant auprès des élèves qu’auprès des enseignants ».
Nous comprenons aisément la place incontournable du livre tout au plus de « la maison du livre »   dans  l’action de formation des élèves dont nous les responsables éducatifs à divers niveaux sommes garants.
Trois enjeux éducatifs majeurs confirment l’importance de la bibliothèque en milieu scolaire :
§  La création de l’identité nationale, car elle permet à tous les élèves d’accéder aux ressources qui constituent l’héritage national commun.
§  Le développement d’une société d’apprenants en ce sens que les programmes de la bibliothèque doivent permettre l’exercice d’une réflexion flexible, le développement de l’esprit critique.
§  Le développement d’une société alphabétisée en matière d’information. Ici l’élève acquiert la capacité à  accéder et à utiliser de multiples types d’information.

2. Etat des lieux

Les expériences accumulées en matière de gestion des établissements scolaires dans la région de l’Adamaoua nous amènent à faire les constats ci-après :
§  Les livres sont presque absents dans les établissements scolaires, quand bien même une bibliothèque existe, elle est de moins en moins fréquentée. Dans la région le taux de fréquentation est très bas : environ 20% dans les villes et 10% dans les établissements ruraux.
§  Le manque de local approprié pour les livres, pour la lecture, ce qui rend la fréquentation impossible, et les ouvrages sont soit dans les cartons ou les placards et plus grave dans les domiciles des responsables, des enseignants, contrairement aux instructions ministérielles. -La gestion opaque des fonds alloués à l’équipement des bibliothèques et à la promotion de la lecture.
§  L’indifférence affichée par certains responsables éducatifs par rapport à l’activité de la lecture.
§  Le manque de profil de personnel en charge de la bibliothèque, généralement un personnel bénévole ou un enseignant retraité converti ou simple agent.
Le Lycée de Bérem,  situé  dans  la  région  de  l’Adamaoua,  département  de  la  Vina, arrondissement de Nganha, a été crée en 2007 et transformé en 2011. Les dysfonctionnements  et  difficultés ci-dessous énumérés sont le lot quotidien des établissements scolaires de la région, tant  dans les  villes que dans les campagnes. Par contre l’administration de cet établissement même sans infrastructures adéquates et à travers le conseil de bibliothèque a mis sur pied des stratégies locales consistant à rendre le livre disponible et surtout à faire qu’il soit utile et utilisé par les élèves.

3. Les activités de la bibliothèque du Lycée de Bérem

  Les activités les plus couramment pratiquées dans cette institution scolaire sont les suivantes:
§  Les jeux questionnaires pour promouvoir la lecture,
§  L’exposition des travaux des élèves,
§   La publication des articles des élèves dans le journal de l’établissement,
§  La lecture dirigée par certains enseignants,
§  Le fonctionnement des prêts et la consultation sur place des livres et journaux,
§  La manipulation des livres,
§  La présentation des nouveaux livres,
§  L’initiation à la recherche pour les élèves du 2nd cycle.
  Procédant de cette manière la bibliothèque:
§  Développe l’imagination et la créativité,
§  Incite à la lecture,
§  Est une source de motivation, car la lecture est la base de tout. Grâce à elle nos élèves ont pu améliorer leurs compétences en vocabulaire, en production écrite et en compréhension des autres matières,
§  incite à la recherche, apport considérable pour compléter certains cours.

4. Cas pratiques de la gestion courante

  Pour une gestion efficiente et harmonieuse des bibliothèques scolaires nous proposons aux responsables des structures et enseignants de :
·        S’approprier à tout prix la circulaire N°35/B1/ 162 afin de s’informer des types d’ouvrages recommandés par les autorités ministérielles dans les bibliothèques scolaires. Au Lycée de Bérem  les l’acquisition des ouvrages est progressive et proportionnelle aux fonds alloués à cette rubrique. -  Dans le cas où il n’y a pas de bibliothèque scolaire, on peut utiliser des tables ou des étagères pour exposer les livres pendant la grande pause, et permettre ainsi aux élèves de les emprunter sous la supervision d’un  responsable  et  les  ranger  après, chaque jour. Cette disposition est une pratique quotidienne au Lycée de Bérem.
·        On peut aussi par défaut aménager une salle, y mettre des bancs ou des banquettes et y exposer les livres et les journaux pour la lecture sur place et ou les emprunts. Bon à savoir, une page lue/jour même en 10 mn chaque jour, apporte toujours un certain volume de nouveau vocabulaire.
·        Si une salle est déjà aménagée, on peut prévoir une heure de bibliothèque en lieu et place de la pause souvent observée dans les emplois de temps des classes de 6e et 5e pour leur donner le goût de la lecture.
·        Mettre sur pied, cela par le conseil de bibliothèque présidé par le chef d’établissement, un système de « bonus de lecture » qui consistera en un supplément de points accordés aux élèves en fonction du volume de lecture et surtout du compte rendu écrit de lecture.

 Conclusion

Nous pouvons dire que dans la région de l’Adamaoua où le livre, et surtout les habitudes de lecture par les élèves en particulier, sont encore loin d’être compris comme outils formidable d’ouverture d’esprit, lequel esprit a été fortement conditionné par les traditions orales, et aujourd’hui prisonnier des difficultés de la vie quotidienne. Il serait judicieux et urgent de promouvoir des actions en faveur des bibliothèques en milieu scolaire par une redéfinition du profil, des compétences et des missions du bibliothécaire scolaire, ce dernier devant être présenté  comme un enseignant en activité, un  spécialiste de  l’information, un partenaire pédagogique, un décideur en matière de programmes et non comme un simple agent « fatigué », employé juste pour combler un vide.
Par NCHARE Placide, Proviseur du Lycée de Bérem (Ngaoundéré)
 SOURCES :
1. Le Guide du Chef d’établissement de l’enseignement secondaire Edition 1995/1996
2. Les Outils du Manager, ISMP, Edition 2006
3. Actes du Séminaire de renforcement des capacités des Chefs d’établissements en
gestion pédagogique, Palais des Congrès, 17 et 18 octobre 2007
4. Rapport de la réunion sectorielle de rentrée dans la Région de l’Adamaoua, septembre
2010

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